"Traduire les imprimés, collectionner les manuscrits: deux pratiques de Stefan Zweig" - conférence donnée dans le cadre de l'exposition "Les routes de la traduction" de la Fondation Martin Bodmer
Stefan Zweig a été l’un des plus importants collectionneurs d’autographes de son siècle. En 1936, Martin Bodmer fait l’acquisition de manuscrits provenant de la collection Zweig : Balzac, Goethe, Heine, Hölderlin, Nietzsche ou encore Robespierre ou Schubert. Jean-Pierre Lefebvre, traducteur et éditeur des textes de Stefan Zweig pour la Pléiade, déroule l’histoire de cette vaste collection pour évoquer la fascination que les manuscrits exerçaient sur Zweig, lui-même traducteur de Verhaeren, Baudelaire, Verlaine ou Rimbaud. La conférence prend place dans le cadre de l’exposition « Les routes de la traduction » en collaboration avec la Fondation Martin Bodmer : http://fondationbodmer.ch
Très jeune, Stefan Zweig a été collectionneur. Après les timbres, mais encore étudiant, les manuscrits. Grâce notamment à sa fortune personnelle et au succès commercial constant de ses nouvelles et autres écrits, il a thésaurisé dans cette branche, acquérant des pièces rarissimes, dont il ne se sépara que contraint et forcé par les nécessités de l’exil, entrant en concurrence avec les experts du marché des autographes, visitant les grandes ventes des cabinets d’Europe. Ce versant de son statut d’homme de lettres se nourrit d’une pulsion d’appropriation multiforme, y compris érotique, dont son intérêt, précoce lui aussi, pour la traduction, en particulier pour la traduction des poètes de langue française, pourrait être une version éclairante pour la pensée de la traduction elle-même comme éphémère appropriation, sous tous les sens du terme.