Organisation scientifique: Vasiliki Kondylaki (vasiliki.kondylaki@unil.ch), David Bouvier (david.bouvier@unil.ch), Vincent Barras (vincent.barras@chuv.ch) «Dans le cadre de l'atelier « Dimensions thérapeutiques de la parole dans l’Antiquité: des représentations poétiques aux réactions émotionnelles », nous aurons le plaisir d'accueillir à notre table ronde du vendredi, Michel Voïta, co-auteur et metteur en scène de L’ILIADE, LE CHOIX D’ACHILLE, actuellement au théâtre Kléber-Méleau. Il sera accompagné, notamment par Yves Jenny et Yasmina Rémil.»
De la poésie épique à la poésie mélique et à la tragédie, de la rhétorique à la philosophie, la puissance et le pouvoir du logos ont été non seulement reconnus par les auteurs antiques, mais étudiés et utilisés. Dès Gorgias, le pouvoir persuasif du logos est associé aux émotions qu’il suscite, unissant ainsi analyse rhétorique et analyse émotionnelle. Les Anciens ont parfaitement reconnu le pouvoir émotionnel du discours et de la parole, ils l’ont diversement décrit ou analysé. A leur suite, les philologues et commentateurs contemporains ont discuté les conceptions antiques dans des approches historiques, comparatistes ou plus cognitives qui se sont multipliées ces dernières années dans le contexte des études sur les émotions. Mais peu d’études ont posé la question des réactions émotionnelles d’un public moderne à la lecture ou à l’écoute des textes poétiques antiques. Peut-on comparer, pour l’écoute ou la lecture d’un même texte, nos émotions à celles des Anciens ? Quelle peut être la pertinence d’une telle question et confrontation ? Et pourquoi la poésie antique continue-t-elle d’émouvoir ?
Dans le cadre du présent atelier, nous avons choisi de reprendre l’analyse des effets émotionnels du discours, en partant notamment d’Homère et de Virgile, pour examiner en particulier la question du pouvoir apaisant et consolateur de la parole dans le contexte du deuil.
Outre les conditions d’énonciation et de réception, deux aspects de ce processus consolateur méritent une attention particulière: premièrement, la forme et la thématique de l’histoire ou du discours adressés aux héros en deuil ou en souffrance; deuxièmement, les effets eux-mêmes de l’interaction verbale entre le locuteur et l’auditeur. Quels éléments (expérience partagée, construction d’une mémoire commune, rôle des pleurs) jouent un rôle prépondérant dans la gestion de la souffrance ?
En partant de ces remarques et dans une perspective comparatiste, l’atelier et la table ronde veulent examiner si les effets thérapeutiques de la parole observés dans la poésie grecque se retrouvent dans la poésie latine et s’ils peuvent avoir une validité dans le monde contemporain. Quelles sont les formes de parole bénéfique (parole chantée, consolatoire, témoignages biographiques, etc.) ? Est-ce que l’augmentation de la douleur à travers la parole constitue une étape inévitable du deuil ? Est-ce que cette augmentation contribue à l’apaisement de la souffrance ? Avec quels moyens le langage poétique représente-t-il le profit émotionnel de la parole ? Peut-on parler d’une « thérapie » par les mots chez les poètes Grecs ? Comment évaluer l’impact émotionnel de la poésie homérique sur des publics contemporains ? Peut-on parier sur un pouvoir thérapeutique de la poésie homérique dans nos sociétés ? Si oui, comment ?