Séminaire interfacultaire 2018 : "Des Microorganismes et des Hommes : une autre perspective sur le monde"
Le droit crée un autre monde que le monde réel. De nombreuses entités peuvent exister dans le monde réel et ne pas être vues par le droit. Celui-ci s’organise autour de sujets de droit et d’objets de droit, les règles de droit organisant les rapports entre sujets et entre sujets et objets. Actuellement sont des sujets de droit toutes les personnes humaines nées et les personnes morales. En Amérique latine, en Nouvelle-Zélande, peut-être en Inde, des entités naturelles, rivières, animaux, écosystèmes, sont devenues sujets de droit, ce qui aboutit à créer des relations intersubjectives entre humains et non humains.
Les microorganismes n’y sont pas mentionnés. Pendant plusieurs millénaires, les microorganismes n’ont pas été vus par le droit, ils n’existaient pas. La révolution pastorienne les a reconnus sur le plan scientifique, mais ils sont restés sur le seuil du monde juridique. On a reconnu les phénomènes de contagion et leur rôle dans les phénomènes de fermentation, sans pour autant les doter d’une existence et d’un régime juridique. Il a fallu attendre la brevetabilité des microorganismes pour en faire des choses juridiques. Aujourd’hui l’enjeu est autre. Il s’agit de les inscrire comme acteurs d’interrelations constitutives de la trame fondamentale du vivant.