Lecture bilingue (russe-français) de Lev Rubinstein et de sa traductrice Hélène Henry
Lev Rubinstein est un classique du « Conceptualisme de Moscou», cette nouvelle avant-garde qui, vers 1970, a bousculé l’habitus littéraire soviétique en réinventant la forme du poème. Pour Rubinstein, ce fut l’« écriture-sur-fiches ». L’idée de segmenter son texte en l’inscrivant, phrase après phrase, sur de simples fiches perforées, lui a été suggérée par son quotidien de bibliothécaire, par les pratiques picturales de démultiplication du Pop Art américain, et par l’espoir qu’un discours donné à « voir » en pièces détachées serait capable de réveiller le lecteur-auditeur engourdi par le soviétisme ordinaire.
Sur chaque fiche perforée figure un énoncé (y compris l’énoncé-zéro, le blanc) issu de territoires variés du langage : formules toutes faites du quotidien, citations, quasi-citations, poèmes authentiques ou fabriqués, dictons et sentences, chansons ou lambeaux de textes narratifs,... Rubinstein découpe les langages, les juxtapose, les mêle et les heurte, dans un système d’échos qui crée un « grand texte » doté d’une cohérence inédite et d’un rythme individuel.
Pour les éditions Le Tripode, Hélène Henry a traduit ces fiches en français dans un épais volume de 500 pages basé sur un recueil complet de ses textes-sur-fiches (1975-2008). paru en 2015 à Moscou (La Grande Cartothèque, Éditions Novoe Izdatelstvo).
Le texte-objet, défini par les fiches de carton perforées, écrites à la main, rangées en liasses enserrées d’un élastique, devient texte-performance, actualisé dans une lecture théâtralisée, agie et proférée par Rubinstein lui-même, et par sa traductrice en français.
La Fondation Jan Michalski pour l’écriture et la littérature présente les deux aspects de l’œuvre du non-poète russe (puisqu’il refuse de se définir comme « poète ») : à travers une exposition et une lecture bilingue.
La lecture sera suivie d’une discussion et d’un apéritif.
Entrée libre | Sur réservation à: rencontre@fondation-janmichalski.ch
Organisée en collaboration avec la Fondation Jan Michalski ; la rencontre prend place dans le cadre d’un atelier de traduction thématique consacré à la traduction de l’intertextualité.