David Bouvier, Institut d'archéologie et des sciences de l'Antiquité, Faculté des Lettres. Cycle de conférences publiques sur la prise de décision dans le cadre de l'enseignement «la recherche dans tous ses états» Programme de Sciences au carré. Infos: www.uni.ch/sciencesaucarre. Mercredi 30 octobre 2019, bâtiment Amphimax salle 414, 17h15-18h45
Dans les prises de décision, aussi bien au niveau institutionnel qu’au niveau individuel, les Grecs anciens laissaient volontiers une part au hasard. De l’urne, lors de différents types de vote dans l’Athènes classique, on ne retirait que certains «bulletins» tirés au sort. L’acte de la décision relève, certes, de l’instance décisionnelle (institution ou personne) tout en lui échappant. On ne décide rien qui ne soit sur-décidé par une autre instance. Pour un Grec, toute décision est relative ou incertaine. D’ailleurs, les Grecs n’aimaient pas dire qu’ils «décidaient».
Prenons une fois encore l’exemple d’Œdipe, héros tragique emblématique de la psychanalyse, paradigme incontournable pour penser l’homme face à sa condition et à son destin. Relisons, durant la conférence proposée, l’Œdipe Roi. Comme l’avait vu Foucault, Œdipe est, dans la tragédie, homme de pouvoir, trop sûr de tout contrôler. Mais bientôt, il découvre sa filiation : lui qui a tué son père, couché avec sa mère, n’est rien que le fils de Tukhê («du Hasard»).