Journées d’études organisée par la FDi
À la fois sceau de la tradition et stigmate de l’infertilité créative, le lieu commun suscite, dans les sciences humaines, des sentiments contrastés. Marqué par la polysémie, le terme puise son origine dans la rhétorique, puis recouvre progressivement un sens plus large pour désigner des formes de pensées et d’expressions figées utilisées par tout un chacun, mais aussi des motifs et thèmes récurrents dans les arts et la littérature[1]. Traversant l’histoire et témoignant d’une pratique de réemploi devenue collective – voire collaborative –, le lieu commun entretient ainsi de forts rapports avec les notions de collectivité ou de communauté[2]. En outre, l’expression lieu commun oscille entre la conception d’un espace abstrait où se noue et se façonne du commun (imaginaires, mythes, types, stéréotypes, clichés, etc.), et celle d’un lieu tangible réunissant un groupe d’individus autour d’une même œuvre ou pratique (salle de théâtre, de cinéma, musée, péri- et paratexte, etc.).
Articulant des questionnements sur la réception de l’œuvre et la production d’un sentiment collectif, cette journée d’étude part de l’hypothèse qu’il existe une corrélation entre le «lieu commun» envisagé en tant que schéma de pensée préfabriqué, et la possibilité d’existence d’espaces d’interaction et de communication où sont susceptibles de se fonder une solidarité, un être-ensemble, une entente partagée. Davantage que la question de sa valeur artistique ou littéraire (bien qu’une telle interrogation ne soit pas exclue), nous souhaitons explorer les implications pragmatiques, voire éthiques, du lieu commun. Quels sont ses pouvoirs, ses effets, ses modes de fonctionnement? Qui permet et que permet le lieu commun? Cette journée sera également l’occasion d’interroger les rapports entre espace abstrait et espace concret, en mettant en exergue la manière dont ces deux aspects du lieu commun peuvent se lier ou s’influencer.