Conférence donnée par Alain Vaillant, professeur de littérature française, Université Paris Nanterre, dans le cadre de la Journée d'études "Lieu(x) commun(s): quand les oeuvres rassemblent"
Qu’il soit défini, en bonne part, comme un type d’argument rhétorique, ou, en mauvaise part, comme un stéréotype du «discours social» (Angenot), le lieu commun est généralement envisagé du point de vue de sa fonction pragmatique. Pourtant, le lieu commun est présent dans le lyrisme poétique (à travers l’arsenal d’images, de symboles ou de sentiments où il puise), dans la fiction (à travers les scénarios narratifs que celle-ci mobilise), dans le comique (tout rire est rire de partage). Car il procure, au-delà de son efficacité argumentative, un plaisir sui generis dont l’analyse relève d’une esthétique du lieu commun – esthétique générale en ce qu’elle dépasse les frontières génériques voire artistiques et qu’elle repose sur le plaisir de reconnaissance qui est le principe même de la culture.