Raphaël Challier est docteur en sociologie et membre du Cresppa-Gtm. Il a notamment coordonné le numéro « En bas à droite » de la revue Politix, et publié plusieurs articles sur le militantisme, les classes populaires rurales et urbaines et les Gilets jaunes. Discutants; Zakaria Bendali et Ahmed Chapi
L’abstention, la montée des votes protestataires ou le mouvement des Gilets jaunes constituent autant de symptômes d’une coupure entre les classes populaires et les partis. À partir d’immersions prolongées dans trois organisations (Rassemblement National, Union pour un Mouvement Populaire et Jeunes Communistes), Raphaël Challier interroge la façon dont les partis participent également à démobiliser les plus modestes. Les militants rencontrés sont le plus souvent ouvriers, employés, sans-emplois, précaires ou étudiants issus de ces milieux. Ils habitent en banlieue ou en milieu rural et s’impliquent dans les sections locales des partis. De réunions en congrès, de campagnes électorales en événements internes, ils se heurtent à des dispositifs élitistes, qui les empêchent d’accéder aux responsabilités : ils sont et resteront de « simples militants ». En observant leurs engagements, cette enquête éclaire leurs parcours, leurs doutes, leurs pratiques « de terrain » et leurs motivations. Les militants populaires se révèlent ainsi des témoins privilégiés des fractures grandissantes entre les citoyens et leurs représentants, les classes populaires et les classes aisées, « ceux d’en bas » et « ceux d’en haut ».