Un séminaire organisé dans le cadre des rencontres du collectif de recherche « Agroécologie » de l'IGD
Le collectif de recherche « Agroécologie » accueille Livia Perosino, doctorante à Sciences Po Bordeaux, actuellement basée à Amman (qui sera en ligne), et Marcelo Champredonde, chercheur à l’INTA, Argentine (présent à Géopolis). Le séminaire aura lieu en mode hybride.
L'entrée est libre. Pour obtenir obtenir le lien de connexion Zoom, merci de contacter elise.tancoigne@unil.ch
1) « Transformation agraire en Jordanie : néolibéralisme, précarisation paysanne et dégradation des ressources » // Livia Perosino, doctorante au laboratoire Les Afriques dans le Monde (LAM) de l’école doctorale de Sciences Po Bordeaux
Le Moyen-Orient représente une grande lacune dans les études académiques sur les questions agraires (Max Ajl, 2020). Pourtant, l’héritage néocolonial et les décennies de politique économique libérale ont radicalement changé le secteur, dont la contribution au PIB a chuté ainsi que sa capacité à employer une partie importante de la population (El Said et al., 2006). Comme ailleurs dans le monde, les producteurs de nourriture constituent désormais la partie la plus pauvre de la population et la plus vulnérable à l’insécurité alimentaire (Ayeb et Bush, 2019). La Jordanie, par sa position géopolitique délicate, a été particulièrement précoce en ce qui concerne la libéralisation économique du secteur agricole. Dans cette présentation je parlerai des conséquences en termes économiques et environnementaux de décennies de politiques néolibérales, largement encouragées par les Institutions financières internationales (IFI) et les agences de développement. Je soutiens que ces politiques ont pour conséquence une polarisation grandissante des producteurs, qui enferme les fermiers les plus précaires dans une spirale infernale d’endettement et de dépendance. La précarisation grandissante et les pratiques promues par ce modèle économique ont également des conséquences dramatiques sur l’appauvrissement et la dégradation des deux ressources fondamentales à la production agricole : la terre et l’eau.
Livia Perosio est doctorante en deuxième année en sciences politiques, au laboratoire Les Afriques dans le Monde (LAM) de l’école doctorale de Sciences Po Bordeaux. Elle a obtenu une Aide à la mobilité internationale (AMI) à l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo) d’Amman pour une durée de deux ans, et vit à Amman depuis octobre 2020. Sa thèse se base sur une recherche de terrain au cours de laquelle elle mène des entretiens qualitatifs semi-directifs et des observations participantes de nombreux acteurs impliqués dans le secteur agricole : fermiers, investisseurs, commerçants, décideurs politiques, syndicats, ou encore agences de développement.
2) « Emergence de l’agroécologie et valorisation des ressources territoriales en Argentine // Marcelo Champredonde, chercheur à l’INTA, Argentine.
Les dynamiques territoriales en Amérique du Sud se caractérisent par une confrontation forte de deux modèles de systèmes alimentaires. L’un est totalement intensif et dédié à l’exportation, l’autre est un modèle multiforme et alternatif, qui se manifeste par des initiatives collectives dispersées et qui sont bloquées à une petite échelle. La communication mettra en perspective les leviers d’une transition agroécologique vers une durabilité forte, dans un contexte fortement contraint par une gouvernance dédiée à un modèle agro-exportateur et une situation politique et économique instable. La communication discutera les contraintes et les évolutions de l’agroécologie, autour d’un projet accompagné par l’INTA, et initié et porté par quelques producteurs. Ce projet accompagne une transition agroécologique vers un élevage de bovins élevés exclusivement à l’herbe, dans un contexte où les consommateurs sont habitués à des viandes finies aux céréales et d’autres compléments alimentaires importés.
Marcelo Champredonde a obtenu un master en sciences naturelles, avec une majeure en agronomie et une mineure en économie rurale, à l’Université nationale du Sud-UNS en Argentine. Il a ensuite effectué des études de troisième cycle à l'Université Jean Jaurès, Toulouse, France (1995-1997), où il a défendu une thèse de doctorat en études rurales, mention économie (2001). Il a ensuite poursuivi ses recherches de post-doctorat à l'INRA LRDE à Corte en France. Le thème de ses recherches portait sur les produits et circuits locaux dans leurs démarches de valorisation (2003). Depuis 2006, il dirige des équipes axées sur l'identification, la sauvegarde patrimoniale et la valorisation des produits locaux à travers des appellations d'origine ou d'autres démarches collectives de développement territorial. Il a présidé le réseau « Systèmes agroalimentaires territorialisés » en Amérique du Sud. Il enseigne dans le Master PLIDER. Il est également enseignant invité dans la Chaire d'Extension du Département d'Agronomie de l'UNS, enseignant (simple dédicace) à l'Université Provinciale du Sud-Ouest (UPSO), et dans le Master en gestion de la sécurité alimentaire et nutritionnelle (UNA, Costa Rica). Marcelo Champredonde est référent national et international dans la valorisation des produits locaux, notamment à travers les appellations d'origine et autres labels de qualité.
Bibliographie