Laurent Mannoni (Cinémathèque française)
La Machine-cinéma.
Né de la science, le cinéma – un art hautement technique – nous offre en permanence, depuis sa naissance, un mélange détonnant de technologie et de sensibilité artistique. La chronophotographie (fin du XIXe siècle), les Talkies (1927), le Technicolor (1932), le CinémaScope (1953), le format 70 mm (1955), la caméra légère et la Nouvelle Vague (années 1950), l'ère numérique (années 1990), etc., ont engendré à chaque fois des formes totalement nouvelles. Les images et les sons se forment par la grâce des artistes, mais aussi des machines, de l’optique, de la chimie, de l’électronique. « Le cinématographe manifeste très haut et très clairement un génie propre, dont aucun mécanisme n’a donné jusqu’ici un aussi net exemple » (Jean Epstein, L’Intelligence d’une machine). L’Homme-machine de La Mettrie s’est transformé en Homme-caméra. Il est aujourd’hui l’Homme-numérique. Comment la technique engendre-t-elle des formes nouvelles et, réciproquement, de quelle façon la recherche esthétique donne-t-elle naissance à de nouveaux appareils, systèmes ou procédés ? On retracera les grands jalons de cette riche histoire technique et esthétique.
Laurent Mannoni est Directeur scientifique du patrimoine et directeur du Conservatoire des techniques de la Cinémathèque française. Auteur d’une thèse de doctorat sur l’enregistrement du mouvement au XIXe siècle, il a publié une vingtaine d’ouvrages, parmi lesquels : Le Grand art de la lumière et de l'ombre, Paris, Nathan, 1994 ; Etienne-Jules Marey, la mémoire de l’œil, Milan-Paris, Mazzotta-Cinémathèque française, 1999 ; Lettres d’Etienne-Jules Marey à Georges Demenÿ (avec Thierry Lefebvre et Jacques Malthête), Paris, AFRHC – BiFi, 2000 ; Mouvements de l'air, Etienne-Jules Marey photographe des fluides (avec Georges Didi-Huberman), Paris, Gallimard, 2004 ; Histoire de la Cinémathèque française, Paris, Gallimard, 2006 ; L’œuvre de Georges Méliès (avec Jacques Malthête), Paris, Editions de la Martinière, 2008 ; Lanterne magique et film peint (avec Donata Pesenti Campagnoni), Paris, Editions de la Martinière, 2009 ; Tournages, Paris – Berlin – Hollywood, 1910-1939 (avec Isabelle Champion), Paris, Le Passage – La Cinémathèque française, 2010 ; Alice Guy, Léon Gaumont et les débuts du film sonore (avec Maurice Gianati), Herts, John Libbey, 2012 ; Les Enfants du Paradis (avec Stéphanie Salmon), Paris, Xavier Barrel 2012 ; Georges Méliès, la magia del cine, Barcelone, La Caixa, 2013 ; La Machine cinéma, Paris, Liénart, 2016 ; Méliès, La magie du cinéma, Paris, Flammarion, 2020. Il a réalisé une quinzaine d’exposition sur ces différents sujets (en cours : Océans de cinéma, la mer filmée, Musée de la Marine, 2023).