Conférencière: Valérie Gitto-Ripoll (Maître de conférences habilitée à diriger des recherches à l'Université de Toulouse 2 et éditrice du Recueil de médecine vétérinaire de Pélagonius Saloninus dans la Collection des universités de France)
Deuxième édition du Cycle de conférences sur l'histoire de la médecine ancienne.
Organisation : Brigitte Maire, Guillaume Poisson et Nathalie Rousseau
À côté des traités médicaux, l’antiquité gréco-romaine nous a légué des traités hippiatriques consacrés aux soins des chevaux et de tous les équidés (ânes, mulets). La valeur élevée de ces animaux impliquait en effet qu’on les soigne quand la maladie les rendait incapables de four-nir les services attendus (transport d’hommes ou de matériel, courses, combats de cavalerie…). Les auteurs vétérinaires, tout en étant dépendants des traités médicaux dans lesquels ils pui-saient leurs explications théoriques, puisque pour eux le cheval avait « toutes les maladies de l’homme », ont développé une réflexion spécifique sur les causes des maladies du cheval, et particulièrement celles des maladies épidémiques, d’autant plus redoutables que les animaux étaient élevés en troupeaux. Comment expliquer, à une époque dépourvue de l’idée moderne de contagion, que la maladie frappe en même temps tous les animaux d’un même troupeau ? L’art vétérinaire antique avait fait sa « révolution hippocratique » et excluait l’intervention divine. Il y avait cependant contradiction entre les données de l’expérience et les théories médicales exis-tantes ; entre la multiplication des points de vue favorisée par la mise par écrit d’un nombre toujours plus grand de connaissances et d’expériences, et la tradition. Étudier l’art vétérinaire antique, c’est approcher les mécanismes de la constitution du savoir scientifique dans l’Antiquité, qui, comme aujourd’hui, se construisait à travers les tensions, les controverses et les rivalités entre vétérinaires.