Discussion (en espagnol et en français) au sujet de la traduction de "Estudios de tres pesadillas de un hombre con cabeza de gato" de Bryan Vindas Villarreal.
David Ferré est metteur en scène diplômé du Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Madrid (RESAD), ainsi qu’éditeur et traducteur (www.actualites-editions.com). Il a créé la compagnie Sans voies en 2000. Son travail de mise en scène s’articule autour de chantiers pluridisciplinaires d’écriture et interroge les multiples formes du théâtre contemporain. En 2008, il fonde Actualités Éditions. La traduction théâtrale de jeunes auteur·es hispanophones constituant l’une de ses activités principales, il a conçu et dirigé l’ouvrage collectif Théâtre espagnol : les écritures émergentes, publié aux éditions de l’Amandier en 2010. Il fait partie du comité exécutif du PEN club français, et il y préside le Comité pour la traduction et la diversité linguistique.
Le texte dont il viendra nous parler, "Estudios de tres pesadillas de un hombre con cabeza de gato" de Bryan Vindas Villarreal, reprend le fait réel du Massacre de la Croix d’Alajuelita (1986-Costa Rica) dans un dispositif esthétique qui consiste à mettre en exergue la figure d’un tueur en série, et d’un violeur. Il propose des stratégies dramaturgiques radicales par le biais d’une mise en abîme du récit où sont intégrées des marionnettes elles-mêmes masquées.
Synesthésie de la langue théâtrale
Cette approche s’inscrit dans un cadre de travail littéraire qui relève du champ esthétique de la traduction-paysage tel que Gertrude Stein l’a défini, à savoir sur la synesthésie de la langue théâtrale qui pose problème en traduction en raison de la multiplication de ses récepteurs (publics, artistes, personnages, locutions etc). Ainsi, la traduction est envisagée comme une mosaïque littéraire, plastique et acoustique, construite pour modéliser la fable et ses ingrédients poétiques et ce afin d’en proposer un accès différent au public habitué à recevoir un texte théâtral comme un objet fini, qu’il soit éditorial ou scénique. La traduction ne relève alors plus d’un geste unique relevant de la linguistique mais de la dramaturgie et de la transmission, établissant un autre rapport à notre propre langue, le français.