Colloque inaugural du centre NUCLEUS.
Le colloque aura pour objectif d’explorer les quatre axes détaillés ci-après:
1. Défis et limites de la patrimonialisation des objets culturels nativement numériques
Les objets nativement numériques posent divers défis au processus de patrimonialisation, que cela soit sur le plan matériel ou symbolique. Leur format d’origine, qui s’inscrit dans des technologies à l’évolution et à l’obsolescence très rapides, rendent difficile leur archivage et par conséquent l’écriture de leur histoire (celles des pratiques vidéoludiques par exemple). L’évolution des interfaces numériques nécessite de prendre également en considération l’accès aux contenus ou la jouabilité. Se pose en outre la question du processus de patrimonialisationsymbolique de ces objets, c’est-à-dire de leur légitimation (culturelle, académique, etc.).
2. Exploitation de bases de données : transformations des pratiques de recherche
La conception, la création et l’exploitation de bases de données a dans une mesure variable et à divers titres modifié le métier de chercheur·euse en sciences humaines. On s’interrogera en particulier sur les compétences techniques nécessaires à la collecte, à l’établissement du modèle de données et à l’exploitation des données, sur les incidences de ces pratiques sur l’organisation du travail, le parcours et la carrière des chercheurs·euse·s (cahiers des charges, types de postes, valorisation de ce travail dans un CV, conséquences budgétaires des coûts liés au stockage et à l’exploitation des données,...) et sur l’émergence (ou non) de nouvelles méthodologies de recherche, en particulier dans le cas de la numérisation de grands corpus.
3. Numérisation du patrimoine analogique, patrimonialisation du numérique et leurs problématiques
De très nombreux acteurs entreprennent des projets de numérisation d’objets du patrimoine analogique. Bases de données et catalogues documentés, collections de textes ou d’artefacts audio-visuels, restitution d’objets analogiques en formats 2D, 3D, en expériences de réalité virtuelle, ou augmentée, ou encore par hologrammes, partagent des enjeux communs, comme par exemple : comment et par qui se décident les choix de numérisation, ainsi que les investissements financiers et techniques nécessaires ? Avec quelles conséquences sur l’évolution des connaissances, les processus de patrimonialisation, la préservation du patrimoine analogique lui-même ? Dans quels buts et pour quelle durée ? Comment assurer un accès équitable et durable à un matériel qui par définition requiert des moyens techniques sophistiqués et dont la rapidité d’obsolescence dépend d’impératifs, souvent commerciaux, sans relation avec les objectifs visés ?
4. Médiation culturelle du et par le numérique
La médiation culturelle se définit comme un processus permettant la mise en lien des publics, des créateurs, des savoirs et des lieux culturels et scientifiques. Grâce à l'apport des récentes évolutions technologiques, les formes de médiation tendent aujourd'hui à une certaine hybridation, ainsi qu’en témoignent les diverses pratiques de la muséologie numérique où la médiation documentaire côtoie la médiation expérientielle (par exemple via des dispositifs VR ou parcours interactifs). Elles intègrent également une composante participative notamment sous la forme du crowdsourcing et du savoir partagé en ligne. De ces nouvelles formes émergent également des enjeuxspécifiques : stockage des données numériques, création de nouvelle(s) typologie(s) de patrimoine, réflexions d’ordre épistémologique.