Journées d'études interdisciplinaires organisées par Laurence Kaufmann et soutenue par le Fonds national suisse (FNS). Le but de ces journées est de réfléchir à la notion de place sous des angles différents, moral, social, politique et bien sûr spatial.
Argumentaire
Dans « The Insanity of place » (1969), Erving Goffman se penche sur la difficulté qu’ont certaines personnes à occuper les places sociales qui les attendent. Le « fou », dit-il, « ne reste pas à sa place » : « il refuse de se limiter au jeu social qui donne ordre et sens à nos vies », privant autrui de la place qui lui revient dans ce « jeu » en même temps qu’il renonce à la sienne. La « folie » dont parle Goffman tient à ce comportement « perturbateur », qui finit par être envisagé comme le symptôme de troubles psychiques. Mais la « folie dans la place » n’est pas seulement due aux troubles individuels ; elle peut aussi être générée par la « folie de la place », par les troubles que génèrent des places sociales, interactionnelles ou énonciatives impossibles à occuper, intenables ou simplement inexistantes.
Nombreux sont les travaux récents qui soulignent avec brio la force littérale et métaphorique de la notion de place. Du point de vue littéral, une telle notion permet de souligner le positionnement des corps dans un lieu, la localisation des habitants dans un territoire. Du point de vue métaphorique, elle permet de souligner la place des participants dans un dispositif interactionnel, la position des agents sociaux dans une hiérarchie ou encore l’inscription des êtres humains parmi les vivants. La notion de place oscille ainsi entre une dimension géométrique (espacement), géographique (la place publique), sociale (la place d’honneur), juridique (la place de chancelier), politique (remettre en place), morale (se mettre à la place de), militaire (secourir une place), linguistique (l’art du placement) et phénoménologique (se sentir à sa place). Mais la place, par-delà la diversité et la richesse de ses déclinaisons, exprime toujours la position relative d’un élément par rapport à la configuration relationnelle dont il est partie prenante et dont il ne peut être extrait sans perdre son sens. Autrement dit, la place ne répond pas à une logique de la détermination, mais à une logique de l’organisation ou de l’agencement.
Ce sont les différentes manières dont cette logique se joue et se rejoue dans la mise en place corporelle, spatiale, interactionnelle, morale, sociale et politique, des personnes qui seront au centre de ces journées d’étude. Leur but est de multiplier les perspectives en faisant dialoguer des sociologues, anthropologues, psychiatres, linguistes, philosophes et géographes. Les contributions, d’une heure chacune, seront suivies d’une demi-heure de discussion afin de favoriser l’échange et la mise en commun.
Conférencier·ère·s : Mathieu Berger, Camille Chamois, Jérôme Englebert, Arnaud Halloy, Johanna Lenne-Cornuez, Jacques Lévy, Alain Rabatel.
Discutant·e·s et modérateur·trices : Sélim Ben Amor, Célia De Pietro, Marine Kneubühler, Audrey Linder, Fabienne Malbois, Régis Marion-Veyron, Guillaume Matthey, Matthieu Thomas, Pierre-Nicolas Oberhauser, Joan Stavo-Debauge.