Conférence publique de l’Ecole des sciences criminelles
Résumé
Cette présentation s’appuie sur les résultats de trois études portant sur la pratique de l’interpellation et le profilage racial au sein de deux services de police municipaux québécois. Elle part du constat que si les membres des forces de l’ordre reconnaissent sans difficulté les disparités qui caractérisent leurs pratiques – et, plus précisément, que l’interpellation touche de manière disproportionnée certains groupes racisés –, ils sont largement plus réticents à accepter les interprétations qui lieraient ces disparités à un problème de racisme au sein de leur profession.
Après avoir brièvement présenté les principaux résultats de ces trois études, la conférence va s’attarder aux différentes explications que les policiers et policières mettent de l’avant pour faire sens des disparités observées. En confrontant ces explications avec les données quantitatives, nous allons chercher à montrer comment ces rationalisations participent à une forme d’agnotologie du racisme au sein des forces de l’ordre. Cet exercice sera l’occasion de réfléchir aux obstacles qui se dressent devant les tentatives de réforme des pratiques policières en regard des enjeux de discrimination raciale, et à la difficulté plus générale à réussir à changer une organisation comme la police.
A propos du conférencier
Massimiliano Mulone est professeur agrégé à l’École de criminologie de l’Université de Montréal et chercheur régulier au Centre International de Criminologie Comparée (CICC). Spécialisé sur les questions de police et de sécurité, ses recherches actuelles portent sur la déviance policière et son contrôle (et plus globalement sur l’analyse des systèmes de surveillance des pratiques policières), ainsi que sur le profilage racial dans la police. Il est notamment le co-auteur de trois récents rapports de recherche sur ce dernier sujet.