Colloque organisé par Romain Debluë, Melina Marchetti (Section de français) et Philip Mills (Section de français)
Descriptif
En posant la poésie comme rivale de la philosophie, Platon a marqué du sceau de la querelle la relation entre philosophie et poésie. Cette relation conflictuelle devient ainsi un problème philosophique et un enjeu poétique. Mais cette querelle ne doit pas nous faire oublier que Platon écrivait ses thèses philosophiques sous formes de dialogues intégrant des mythes et autres figures poétiques. S’il pose la poésie comme rivale de la philosophie, c’est également parce que celle-ci contamine nécessairement le discours philosophique. Les développements ultérieurs ont réévalué cette relation, en prônant parfois l’identification de la philosophie et de la poésie, comme chez les romantiques allemands, ou au contraire en l’excluant, comme chez les positivistes logiques. Mais cette relation n’est jamais neutre et la problématique qu’elle abrite se doit d’être étudiée.
Dans cette relation tensive, une notion occupe une place essentielle : celle de métaphore. En effet, bien qu’elle soit souvent considérée comme une figure de style rattachée à la poésie, la métaphore égaye constamment le discours philosophique, nos multiples discours, poétiques ou ordinaires, et nos diverses formes de pensée, créative ou utilitaire. Comment cette métaphoricité du discours philosophique met-elle en jeu les rapports entre philosophie et poésie. On peut alors penser cette métaphoricité selon les perspectives de Nietzsche, Derrida, Bachelard, entre autres. Dans quelle mesure les conceptions cognitivistes de Lakoff et Johnson (“everyday metaphor”), Turner et Fauconnier (“conceptual blending”), ou Forceville et Urios-Aparisi (“multimodal metaphor”) modifient-elles ces rapports ? Quelles sont alors les spécificités de la métaphore ? Faut-il distinguer plusieurs types de métaphores (philosophique, poétique, etc.) ? Si l’on pense la métaphoricité du concept, qu’en est-il de la poéticité de la métaphore ? Et dans quelle mesure la métaphore participe-t-elle du genre ‘poésie’ ?