Conférencier : Antoine Pietrobelli (Professeur à l’Université de Franche-Comté)
Organisateurs·rices : Brigitte Maire, Guillaume Poisson et Nathalie Rousseau (UNIL)
Oribase de Pergame (ca 325 – ca 395) fut le médecin, le bibliothécaire et l’ami de l’empereur Julien dit l’Apostat. Nous conservons de lui une vaste compilation des médecins qui l’ont précédé, les Collections médicales, originellement en soixante-dix livres, ainsi que deux résumés de cette compilation : la Synopsis, adressée à son fils Eustathe, et les Euporista ou Livres à Eunape. Le jugement sur Oribase et sur son oeuvre a longtemps été dépréciatif. En 1876, Ulco Bussemaker affirmait : « la Collection médicale n’est donc point l’oeuvre d’un esprit profond ». Plus récemment, en 2012, deux auteurs italiens ont décrit Oribase comme un « singe de Galien ». Pourtant, ce point de vue négatif tend à s’inverser à mesure que progressent les études oribasiennes. Il faut d’abord souligner que la littérature de compilation est un genre propre à l’Antiquité tardive, que l’on songe par exemple à l’Anthologie de Stobée, ou au recueil de droit romain du Digeste. De plus, Oribase peut être considéré comme l’instigateur du galénisme. Comme le fera plus tard Avicenne dans son Canon, le médecin de Julien est le premier à synthétiser et à réagencer le très vaste corpus galénique pour le rendre plus accessible. Enfin, Oribase transmet, notamment dans le domaine de la chirurgie, une foule de fragments qui nous renseignent sur les pratiques des médecins anciens : il décrit, entre autres, une opération de la cataracte, une lithotomie ou encore une chirurgie plastique du visage. Longtemps négligé et marginalisé, Oribase apparaît dès lors comme un auteur important pour notre connaissance de la médecine antique et tardo-antique. L’étude de son corpus offre des perspectives prometteuses pour apporter du nouveau dans l’histoire de la médecine.
Entrée libre
Inscription obligatoire avant le 15 avril