Conférence proposée dans le cadre des Jeudis de la Section d'histoire de l'art
Depuis 2014, l’art d’opposition dans les pays de l’ex-URSS, notamment sur la scène russe, est d’une grande richesse. Pour des raisons pratiques, financières et politiques, c’est avant tout un mouvement très lié aux supports numériques pour pouvoir être diffusé sur les réseaux sociaux et toucher le public le plus large possible. Cette production implique principalement musiciens et cinéastes, ils interrogent la société, se jouent des codes et des symboles, derrière la contestation politique on découvre le processus de formation de la nouvelle génération qui n’a pas connu l’Union soviétique. Ce n’est donc pas un hasard si ces personnes sont ciblées en priorité par le pouvoir actuel, par leur contingent ils figurent en tête des « agents de l’étranger ». Ils interrogent l’espace géographique et l’espace mental, c’est-à-dire l’espace qui leur est assigné ou qui pourrait être le leur (avec en corollaire un balancement déséquilibré entre le poids de la dystopie et les lueurs de l’utopie), l’histoire et l’héritage patrimonial, le féminisme et la sexualité, la violence sous toutes ses formes (symbolique, conjugale, physique, sociale, étatique). Cela débouche sur une interrogation forte sur le spirituel, on pourrait même résumer cette production par les mots « violence et rédemption ».
David Krasovec est docteur en histoire de l’art (universités de Strasbourg et de Nancy), et ex-maître de conférences à l’Académie présidentielle de Russie à Moscou (2015–2022). Il a également été chercheur associé à l’Institut d’histoire de l’art de l’Académie slovène des Sciences et des Arts (2009–2012). Initialement spécialiste de l’art moderne dans l’espace de la mer Adriatique et de l’Europe centrale, il a petit à petit glissé vers l’analyse de l’art contemporain, en ex-Yougoslavie et dans l’ex-URSS, s’intéressant aux idéologies qui alimentent les pensées des artistes touchés par le totalitarisme.