Colloque international, organisé par le Centre interdisciplinaire d’étude des littératures (CIEL) de la Faculté des lettres
Depuis La Chèvre de monsieur Seguin (1869) d’Alphonse Daudet au moins, et jusqu’au jeu vidéo Stray(2022) de BlueTwelve Studio, de très nombreux récits sont construits autour des capacités d’action, des expériences ou des points de vue possibles ou supposés d’un animal non humain. Ce faisant, ils prennent le risque de représenter des situations dans lesquelles il peut a priori sembler artificiel ou inintéressant de se projeter, parce que celles-ci paraissent peu crédibles ou trop lointaines. Ces récits mettent alors en place plusieurs types de stratégies pour accompagner ou favoriser l’imagination de leurs publics – leur projection ou immersion dans l’histoire racontée, voire leur identification à un personnage d’animal non humain.
Ces journées ont pour objectif de s’interroger sur les fictions littéraires, théâtrales et vidéoludiques dont le personnage principal, ou l’un des personnages principaux, est un animal non humain. Nous étudierons en particulier les œuvres qui, dans la représentation proposée de l’agentivité, de l’expérience ou du point de vue de cet animal, en signalent la part d’altérité – celles qui, pour le dire autrement, ne font pas de l’animal non humain uniquement une métaphore ou une allégorie, mais s’intéressent au moins partiellement à son altérité propre. Celle-ci peut concerner l’appareil perceptuel, les états mentaux ou les intérêts de cet être au corps plus ou moins différent du nôtre (des cerfs aux pieuvres, en passant par les chauves-souris ou les dauphins).
Cela étant, nous nous demanderons comment la mise en œuvre de la représentation de cette altérité animale accompagne, déplace ou sape, dans les œuvres étudiées, le mouvement de projection, voire d’identification du public humain. Quelles stratégies, quels dispositifs, quels procédés et quels réglages narratifs ou stylistiques sont-ils mis en place par l’œuvre pour garantir l’intérêt de ses destinataires ? Sont-ils spécifiques à un art ou à un médium ? Comment l’œuvre met-elle en tension la représentation des différences entre les humains et les autres animaux – plus ou moins marquées et radicales selon les espèces distinguées – avec les divers rapports d’identité interspécifique qui existent malgré tout ? Pourquoi et comment lire, voir ou jouer, en somme, des fictions non humaines ?
Participant·e·s :
> Le programme détaillé sera prochainement disponible dans la rubrique "Documents" ci-contre.