Colloque 2024 du Centre interdisciplinaire d'étude des littératures (CIEL).
Depuis La Chèvre de monsieur Seguin (1869) d’Alphonse Daudet au moins, et jusqu’au jeu vidéo Stray (2022) de BlueTwelve Studio, de très nombreux récits sont construits autour des capacités d’action, des expériences ou des points de vue possibles ou supposés d’un animal autre qu’humain, dont l’altérité spécifique n’est pas entièrement assimilée aux facultés ou aux motivations humaines. Ce faisant, ces récits prennent le risque de représenter des situations dans lesquelles il peut a priori sembler artificiel ou inintéressant de se projeter, parce que celles-ci paraissent peu crédibles ou trop lointaines.
Ces récits mettent alors en place plusieurs types de stratégies pour accompagner ou favoriser l’imagination de leurs publics – leur projection ou immersion dans l’histoire racontée, voire leur identification à un animal autre qu’humain. Ils construisent parfois des parallèles entre les parcours et les actions des personnages non humains et ceux de personnages humains, afin d’en suggérer les correspondances – à l’instar de The Grizzly King (1916) de James Oliver Curwood – ou pour mettre en scène la rencontre de mondes et d’êtres a priori indépendants les uns des autres, comme dans Les Fourmis (1991) de Bernard Werber ou dans Héliosphéra, fille des abysses (2022) de Wilfried N’Sondé. Contrairement aux récits de confrontation ou de rencontre, certains autres mettent en scène un parcours menant du monde des humains à celui des autres qu’humains : le chien de The Call of the Wild (1903) de Jack London et le singe de Mémoires de la jungle (2010) de Tristan Garcia sont deux individus domestiqués s’initiant progressivement aux réalités de la vie "sauvage" ; les récits de métamorphose peuvent thématiser l’altération perceptuelle et physique, voire psychique d’un humain transformé en autre qu’humain, qui la constate soudainement, comme dans Die Verwandlung (1912) de Kafka, ou progressivement, comme dans Truismes (1996) de Marie Darrieussecq. Bien d’autres dispositifs narratifs existent. Chaque art ou médium dispose en outre de moyens et procédés stylistiques propres – qui ne favorisent pas tous la projection ou l’immersion dans la situation de l’animal, ainsi que le montrent les diverses adaptations scéniques contemporaines du texte précité de Kafka.
Programme
Jeudi 28 novembre 2024 | Salle à définir
12h50 | Accueil
13h00 | Direction du CIEL
13h05 | Romain Bionda (UNIL)
Archéologie des représentations littéraires de la subjectivité animale
Modération : à définir
13h20 | Adrien Mangili (Université de Neuchâtel)
13h40 | Nicolas Corréard (Université de Nantes)
14h00 | Élisabeth Plas (Université Sorbonne Nouvelle)
14h20 | Discussion
Tentatives littéraires contemporaines I : tensions
Modération : à définir
15h10 | Riccardo Barontini (Sorbonne Université)
15h30 | Liwen Chen (Université Paris Cité)
15h50 | Pauline André-Dominguez (EHESS et Museum national d’histoire naturelle)
16h10 | Discussion
Tentatives littéraires contemporaines II : décentrements
Modération : à définir
17h00 | Davy Desmas Loubaresse (Institut national universitaire Champollion)
17h20 | Amélie Aubert (Université de Lille)
17h40 | Alain Romestaing (Université Clermont Auvergne)
18h10 | Discussion
18h30 | Fin de journée
Vendredi 29 novembre 2024 |
09h00 | Accueil
Genres non réalistes I : littérature
Modération : à définir
09h10 | Aurélie Huz (Université Paris Nanterre)
09h30 | Jodie Lou Bessonnet (Université Bordeaux Montaigne)
09h50 | Vanessa Besand (Université de Bourgogne)
10h10 | Discussion
Genres non réalistes II : cinéma et jeu vidéo
Modération : à définir
11h00 | Juliette Bessette (UNIL)
11h20 | Gérald Sinclair (UNIL)
11h30 | Audrey Halley (Indiana University Bloomington), à distance
11h50 | Discussion
Collaborations interespèces : théâtre et cinéma
Modération : à définir
14h00 | Ignacio Ramos-Gay (Universitat de València)
14h20 | Agnieszka Soltysik Monnet (UNIL)
14h40 | Discussion
Problèmes d'interprétation : lecture et mise en scène
Modération : à définir
15h20 | Cécile Neeser-Hever (Université de Genève)
15h40 | Françoise Heulot-Petit (Université d’Artois)
16h00 | Discussion
16h20 | Fin du colloque