Manon ISLER: Contribution de l'activité neuronale périphérique à la réactivité des microglies spinales dans la douleur chronique

Soutenance de thèse

Vendredi 29 novembre 2024 - 17h00 à 18h00

Bugnon 9 Grand Auditoire



manon.isler@unil.ch

Résumé grand public

Contribution de l'activité neuronale périphérique à la réactivité des microglies spinales
dans la douleur chronique


Manon Isler, Centre d’antalgie, Service d’anesthésiologie, Département des centres interdisciplinaires,
CHUV.


Après une opération chirurgicale, certaines personnes développent des douleurs chroniques.
La lésion tissulaire, déclenche une activité anormale des nerfs sensoriels et une inflammation
au niveau de la moelle épinière. Dans cette région, des cellules immunitaires appelées
"microglies" réagissent en changeant de forme et en se multipliant. Cependant, on ignore
encore comment ces microglies répondent à l’activité des différents types de fibres nerveuses,
celles transmettant la douleur (nociceptives) et celles ne transmettant que les sensations nondouloureuses
comme le toucher ou la proprioception (sensation de position de son propre
corps) (non-nociceptives).
Dans nos recherches, nous avons d’abord observé que les microglies réagissent en
changeant de forme et de potentiel électrique après une lésion du nerf sciatique. Ensuite, en
stimulant électriquement ce nerf sans l’endommager, nous avons vu que les microglies se
multiplient et qu’une hypersensibilité de la jambe à des stimuli mécaniques et thermiques
apparait. Lorsque l’action des microglies est bloquée, cette hypersensibilité disparait.
Enfin, nous avons utilisé une technique appelée optogénétique pour activer séparément ou
ensemble les fibres nerveuses nociceptive et non-nociceptives. Nos résultats montrent que
les microglies ne réagissaient que lorsque les deux types de fibres sont activées en même
temps. Cette activation combinée provoque également une sensibilité accrue au toucher et à
la chaleur.
En résumé, nos travaux montrent que pour que les microglies de la moelle épinières réagissent
et qu’une hypersensibilité apparaisse, il faut une activation simultanée des fibres nerveuses
nociceptive et non-nociceptives. Cela pourrait expliquer pourquoi les traitements actuellement
utilisés en clinique après la chirurgie, qui ne bloquent que les fibres nociceptives, ne sont pas
toujours efficaces pour prévenir les douleurs chroniques après une opération. Nos résultats
suggèrent que bloquer l'ensemble des fibres sensorielles pourrait être une approche plus
efficace pour prévenir ces douleurs. Toutefois, cette méthode pourrait entraîner des effets
secondaires indésirables. Nous espérons que nos travaux contribueront à mieux comprendre
les mécanismes en jeu, et, à terme, à trouver un compromis idéal permettant de soulager
efficacement les patients tout en minimisant ces effets indésirables.

Publié du 20 novembre 2024 au 29 novembre 2024
Ecole doctorale de Neurosciences
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publiée