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Dans le cadre des séminaires de recherche du laboratoire, le THEMA a le plaisir d'accueillir Madame Katrin Herms du Centre d'étude des mouvements sociaux (EHESS).
Bio
Après avoir effectué une excellente formation en cultural studies, journalisme et sociologie des médias, Katrin Herms a travaillé au Centre Marc Bloch (Berlin) et à l’EHESS (Paris) avant de s’inscrire en thèse sous la co-direction de Laurence Kaufmann (Unil) et Francesca Musiani (CNRS/Ecole des Mines). La thèse de Katrin Herms consiste, entre autres, à développer des méthodes qualitative et quantitative pour analyser la polarisation politique dans le cadre des mouvements anti-masques, via d’une part les cascades de citations commentées qui circulent sur Twitter (pôle quantitatif) et d’autre part, des entretiens avec certains leaders d’opinion de ce même mouvement (pôle qualitatif). Sa recherche est très innovatrice du point de vue des méthodes comme du contenu.
Résumé
A première vue, le débat européen autour du Covid-19 a polarisé la société en deux camps : la majorité des citoyens qui ont soutenu la gestion politique de la crise, et les « corona-sceptiques » qui ont protesté contre les mesures de protection. Ces derniers semblent avoir été influencés par la diffusion massive de « fake news » et de récits complotistes. Même si certaines recherches suggèrent qu'une forte utilisation des médias sociaux est en corrélation avec un faible soutien à la gestion politique de la crise, on en sait moins sur les pratiques sociales telles que la solidarité lors des rassemblements « corona » et le cadrage des nouvelles dans les arènes numériques telles que Twitter, qui peuvent avoir amplifié la perception du risque et influencé la façon dont les individus se sont connectés ou opposés en réaction aux déclarations du gouvernement et des experts scientifiques. En particulier pendant la pandémie, lorsque l'interaction sociale était en grande partie réservée à la communication virtuelle, le fait de « donner un sens aux mauvaises nouvelles » en intégrant les récits de crise dans les trajectoires de l'expérience personnelle et de la biographie pourrait avoir eu une fonction sociale importante. Motivée par la question largement débattue de savoir si la pandémie de Covid-19 a accru la polarisation de la société, la contribution présentée s'appuie sur des entretiens de terrain, l'ethnographie numérique et l'analyse du discours pour mettre en lumière la mobilisation en ligne et hors ligne pendant la pandémie de Covid-19 en France et en Allemagne.